En 2004, nous avions prévu une sortie
dans les bois de Chancy qui sétait terminée, faute despèces,
dans cette belle tourbière du Salève visitée jadis par
le mycologue suisse Jules Favre. Nous y avions rencontré quelques espèces
intéressantes, pour le plus grand bonheur de ceux qui désespéraient
de la sécheresse persistante de la plaine. Nous avions donc prévu,
pour cette année, une nouvelle incursion dans cette zone très
humide, sachant quà cette époque de lannée,
cest dans des endroits comme celui-ci que nous avons le plus de chance
de trouver des champignons en bon état.
9 heures, rendez-vous sur le
parking de la tour des Pitons, altitude 1340 m. A 9 h 10, constat: nous sommes
4 seulement, pérode estivale oblige... Mais bah, il y a notre botaniste
de choc, André Bochaton. Même sil ny a pas de champignons,
ben on fera de la botanique!
Première découverte, sous hêtre: Russula cyanoxantha, en assez grande quantité. Certains exemplaires étant en bon état,
cest Pierre, qui ne la jamais goûtée, qui décide
de les cueillir pour la casserole.
Début du cours de botanique, avec la campanule à feuilles rondes (Campanula rotondifolia): ce sont les feuilles basales qui sont rondes,
et comme elles sont souvent sèches, il faut les chercher attentivement...
Un peu plus loin, retour à la mycologie: soulevant le sol, une belle Amanita spissa soffre à nous. Un peu plus loin, dans la
litière de feuilles, dautres exemplaires indiquent que le sol acide
leur plaît bien...
Le sol spongieux de la tourbière senfonce sous nos pas et très
vite, les espèces typiques de ces milieux se montrent: un panaeolus, par exemple, superbe avec son voile blanc débordant. Magnifique, nous
ne lavons pas cueilli, préférant le laisser dans sa station.
Peut-être sagit-il de sphinctrinus... Plus loin, en bordure
de la tourbière, un bolet bai (Xerocomus badius) bicéphale
se développe contre une racine dépicéa. Il sera bientôt
suivi par dautres, mais monocéphales ceux-là!
Les russules, pour mon plus grand plaisir, étaient au rendez-vous en
nombre et ce sont pas moins de 7 espèces différentes qui ont été
vues. Ci-dessus à gauche Russula aurora, à droite Russula
vesca.
Ici, Russula vinosa avec sa typique réaction orange au formol.
Bien pratique davoir les réactifs sur le terrain, cest dailleurs
ce qui ma permis de déterminer correctement Russula aurora.
Quelques cristaux de vanilline sur un morceau de bois, une goutte dacide
sulfurique et hop, cest prêt...
Un peu plus loin, une russule jaune sous hêtre. Grêle, lames blanches,
âcre... On avance le nom de raoultii, mais quelque chose me gêne.
Pas assez cannelée, pas assez hyaline, et puis cest pas tout à
fait le bon jaune non plus... Je pense plutôt à Russula citrina, mais comme ces russules jaunes du hêtre sont mal débrouillées
dans la littérature, je nirai pas plus loin.
Les fougères, bien représentées dans ces stations, nous
sont décrites par André. Trois dentre elles sont assez faciles
à reconnaître: la fougère aigle (une seule tige ramifiée),
la fougère mâle (nombreuses frondes partant du sol, pennes arrondies,
sores rondes) et la fougère femelle (frondes partant du sol, mais pennes
en pointe et sores allongées).
Dautres espèces cohabitent également, comme la fougère
dilatée dont les pennes sont très découpées et larges
à la base, et dont les sores sont rondes.
Lheure avance et il va être temps de rejoindre les voitures. Le
bord de la route est riche de fleurs très diverses, et André nous
montre, entre autres, une superbe Cephalanthera rubra.
Une belle petite sortie, avec un temps idéal, à renouveler lan
prochain.