Feldschlösschen, Tuborg & Co.
Parmi ces espèces, il en est une dont la faculté d’adaptation le dispute à la diversité de ses formes et de ses couleurs. On la trouve toute l’année, à toutes les altitudes et dans tout type de forêt. Sa longévité est exemplaire, ses couleurs vives, et le mycologue fureteur n’aura aucune difficulté à la repérer. Il visitera en premier lieu les places à feu, car notre espèce est également carbonicole. Les talus et bords de sentiers sont assurément de fort beaux endroits pour y faire de magnifiques cueillettes. Ne sont pas en reste non plus les aires herbeuses, les pré-bois et clairières, et même le fond des ruisseaux. Le froid ne l’effraie pas, pas plus que la canicule ou la bise. Je veux nommer: LA BOUTEILLE DE BIÈRE.
C’est fou ce que l’on peut boire comme bière dans les bois. Y a des distributeurs cachés, c’est pas possible. Des bouteilles et des canettes de toutes sortes et de toutes formes sont dispersées dans tous les coins, défigurant le plus beau des sous-bois. Qui jette impunément ces saloperies? Pour moi, c’est clair: ce ne peut être que des «gougnafiers». Je les vois d’ici: casquette à l’envers, baskets, survêt’, entre petits copains, avec des airs sournois et de la dope plein les poches. Je le sais, j’en ai déjà vu. Et justement, autour d’un feu, ce qui explique le côté carbonicole de la bouteille de bière. Y en a d’autres, évidemment, d’une catégorie proche du soldat commando, front bas, avec cartouchière, gibecière vide, et hargne contenue. Alors on est là, bien tranquille tout seul, on fume, on boit, c’est fait pour ça les bois, tout le monde sait que c’est le meilleur endroit pour s’adonner à la boisson et au tabac! Quand il reste l’emballage, on jette! Pas vu pas pris.
Heureusement, tout le monde n’est pas comme ça, et encore une fois c’est une minorité qui sévit. Haro sur la bouteille de bière!!!